Patricia, Catherine, Paul et moi (Didier), nous nous sommes retrouvés mi-juin 2022 à Bordeaux pour le 28eme congrès de la SFAP. Ce fût un temps de rencontre avec les nombreux acteurs des Soins Palliatifs mais aussi d’échange et de débat entre nous quatre.
Le thème « fil rouge » du congrès de Bordeaux était « les soins palliatifs hors murs », entendons par là, les soins palliatifs à domicile, en prison, en EHPAD… L’éditorial du congrès précisait les objectifs 2022 :
Comment rendre les soins palliatifs accessibles, pour tous et partout, « hors les murs » ?
Les murs, réels ou virtuels, protègent mais parfois séparent. Que ces murs soient intérieurs ou extérieurs, que nous les ayons bâtis nous-mêmes ou qu’ils nous soient imposés, ces murs nous cachent des autres et obstruent notre horizon. Quels murs sommes-nous prêts à ouvrir, à franchir, à contourner, à renverser afin de construire des passerelles vers les autres, créer des liens et des ouvertures vers l’altérité, les cultures, les spiritualités ?
Avec les nouvelles technologies, comment les usages et les dispositifs façonneront-ils l’avenir ? Et au-delà des murs et des frontières, quels accompagnements et quelle médecine palliative pour demain ?
Les défis sont nombreux : assurer des soins palliatifs sur tous les territoires, urbains et ruraux, poursuivre le développement de la culture palliative dans la société, développer encore et toujours leur enseignement et la recherche. Osons aller vers l’autre, vers tous les autres, dans leurs différences, leurs singularités, leurs cultures, écouter les « non spécialistes », la parole du citoyen et des associations… apprendre des uns et des autres, transmettre et construire ensemble.
Mais, en ces temps électrisés par le débat sur l’euthanasie, la question du libre choix de sa fin de vie s’est invitée dans la plupart des conférences et des ateliers.
Le fait d’être quatre membres d’ASPEC pour assister au congrès nous a permis d’une part de nous répartir sur les différents ateliers et, lorsque nous nous retrouvions, lors des pauses, de faire la synthèse de ces moments et d’autre part de reprendre ensemble et de nous approprier les discours de plénière. Chacun ayant entendu (ou pas) certains arguments, certaines opinions. Lors des interruptions, nous refaisions la conférence. À noter que la plupart des interventions intéressaient les bénévoles. Seuls certains ateliers sur des aspects médicaux, sur la posologie de médicaments par exemple, ne nous concernaient pas vraiment.
De très nombreuses questions ont été abordées, citons-en quelques-unes :
- Quelle culture pour les soins palliatifs ?
- Les soins palliatifs, lieu privilégié de l’exploration de la conscience ?
- S’approprier la fin de sa vie : un enjeu à mettre à la portée de tous
- Du soin de la relation au palliatif du deuil
- Que faire de notre vulnérabilité ?
- De la rue aux soins palliatifs : précarité, accompagnement et deuil
- Personne atteinte de handicap en fin de vie : sortir de la double peine
- 20 ans d’euthanasie, quel impact pour les soins palliatifs ?
- Soins palliatifs en Afrique en mode survie : regards croisés Sud/Nord
- Les traitements conservateurs et l’arrêt de la dialyse
- Soins socio-esthétiques en HAD : améliorer la qualité des soins et la qualité de vie
- Comment organiser les prises en charges palliatives avec la médiation animale ?
- Impact des soins palliatifs sur l’opinion vis-à-vis de l’aide médicale à mourir
- Le temps en droit des personnes soignées
- Le milieu hospitalier carcéral : de l’attente à la rencontre
- Souffrance des aidants : repérage par les soignants à domicile
- La souffrance totale chez les patients avec un cancer en phase palliative
- La proche « aidance » en contexte de fin de vie : synthèse qualitative
- Une USP au cœur du Covid : péril ou challenge ?
- Soins spirituels et la non-confessionnalité : pour une intervention laïque ?
- Le vécu du deuil chez le jeune enfant (2-5 ans) après le décès d’un parent du cancer
- Les lois sur l’aide active à mourir dans le monde : entre similitudes et spécificités
- Demandes d’euthanasie : fantasme ou réalité ?
- Attitudes envers l’aide à mourir dans le cas d’un trouble mental
- La philosophie Ubuntu dans les soins palliatifs : la mort comme un accomplissement
- Panorama de l’organisation des soins palliatifs dans le monde
- « Vous avez une personne de confiance, vous ? Vous avez bien de la chance »
- Médecins généralistes et soins palliatifs : quel vécu ? Quels besoins ? Au total, un grand nombre d’interventions avec des acteurs très variés : des infirmières (la majorité des présent-e-s au congrès), des médecins, des psychologues, des juristes, des administratifs et bien sûr des bénévoles.
Sur le plan de l’organisation, à part quelques petits manques et défauts (les repas du midi, les files d’attentes mal réparties, l’absence de tables et de chaises pour les pauses), la logistique de cet événement était remarquable.
Quant aux débats et aux interventions : Trop d’intervenants lisaient en ânonnant leurs notes voire leur propre thèse et ils manquaient souvent de hauteur de vue. Par exemple, personnellement, j’ai ressenti une opposition franche et massive à l’euthanasie de la grande majorité des intervenants alors que l’opinion publique en France est acquise à cette idée. Sur ce point, une interrogation philosophique plus poussée aurait été la bienvenue. Un débat contradictoire entre différents praticiens français, belges, canadiens, suisses aurait, sans doute, permis de mieux comprendre les enjeux et les risques de l’Aide Médicale à Mourir.
Au-delà de ces remarques critiques, nous tirons tous les quatre, un bilan positif de ce séjour bordelais, d’autant que ce terroir n’est pas sans ressources attractives.
Le congrès a été un joli moment amical de partage entre nous quatre, notre réflexion a été aiguisée par les nombreuses interventions. Par ailleurs, découvrant un quizz mis au point par une association régionale, nous avons eu envie de réaliser le nôtre, quizz de présentation des soins palliatifs qui est sur le point d’être finalisé.
Alors, s’il y a une place pour le congrès de 2023 à Nantes, franchement : je suis partant !
Pour en savoir plus : Bordeaux 23 06 22.pdf (sfap.org)
Didier Lançon