C’est un livre qui nous vient du Québec, écrit par Marie Clark (Éditeur XYZ – Romanichels – 232 pages).
Josée Boileau, dans “Le Journal de Montréal”, nous présente cet ouvrage.
Mourir ne s’apprend pas, mais quelle puissance de vie s’y cache. Marie Clark le démontre bellement dans un roman poignant.
Or si la réflexion qui porte ce dernier ouvrage de Marie Clark (qui en a cinq autres à son actif) est grave, le portrait qu’elle livre des différents malades croisés n’a rien du cliché. Elle nous mène au contraire dans un univers très réaliste, celui de gens ordinaires qui attendent la mort… et qui ne souhaitent pas la devancer – phénomène courant, mais qui ne fait pas les manchettes !
Julie, narratrice du récit, a soixante ans et elle a vu disparaître un très cher ami, puis une précieuse voisine. Des décès subits, qui empêchent de faire des adieux, il y a de quoi être ébranlée. Mais est-ce que ça s’apprivoise la mort ? se demande cette femme sensible, qui se voit aussi vieillir.
Portraits
Pour le savoir, elle décide donc d’aller œuvrer à la maison Le Vitrail. Une fois formée, elle est prête à y consacrer une soirée par semaine.
Prête, c’est vite dit. Qu’est-ce qui lui prend ? Pourquoi ne pas faire comme tout le monde, « vivre comme si de rien n’était […] jusqu’à ce que l’échéance te saute au corps, te cloue au lit » ?
Elle va donc se rendre au chevet des malades sur la pointe des pieds, la tête pleine de questionnements sur le sens à donner à la fin d’une vie. Et à chaque portrait de patient va succéder un chapitre où Julie fait le point, armée de repères poétiques pour trouver les mots qui lui manquent.
Ainsi, des extraits d’ouvrages de Geneviève Amyot, Hélène Dorion, Christiane Singer… ponctuent le récit, rajoutant de la beauté à la plume de Marie Clark, elle-même finement ciselée. D’ailleurs, le titre du livre est tiré d’un poème de la Québécoise Louise Warren.
Récit bien ancré
Quant aux malades, ils sont à l’image de ceux que l’on croise en vrai à l’hôpital, dans les résidences de soins palliatifs, dans les CHSLD. L’auteure indique en début d’ouvrage que ses personnages sont fictifs, mais les scènes inspirées de faits réels. Ça explique que son récit soit si bien ancré.
Il y a donc Delphis, vieillard confus, mais qui retrouve toute sa prestance simplement en se peignant. Il y a la rage d’André, l’affolement de Cécile, le déni de Millie, les fantômes de Thérèse, le mariage de Mathieu, mourant à 33 ans… Il y a des tensions familiales, des conflits non réglés, pas si souvent de la sérénité. Mais il y a aussi des blagues et des sourires.
C’est en fait varié comme la vie, parce que c’est encore la vie. Ce roman émouvant touche à l’essentiel.