Les démences et maladies dégénératives affectent parfois les patients rencontrés dans le bénévolat d’accompagnement, notamment dans les services en EHPAD. Dans le cadre de la formation continue destinée au soutien des bénévoles accompagnants de l’ASPEC, un séminaire a été suivi par une quinzaine de bénévoles et de personnel soignant (principalement aide-soignantes) exerçant dans les EHPAD Les Chanterelles (Bretteville-sur-Laize) et Les Orchidées (Cagny).
Ce séminaire de formation et d’échanges se déroulait au siège du Groupe RESALIA à Fleury-sur-Orne, le mardi 26 novembre dernier et était réitérée le mardi 3 décembre avec le même programme, pour un deuxième groupe.
Le Docteur Isabelle Prévost-Crinière, médecin gériatre et également intervenante en onco-gériatrie au Centre Baclesse à Caen centrait son propos, pour la matinée, autour de quelques notions sur les pathologies relevant soit de la démence, soit d’autres maladies dégénératives les plus courantes.
La séance de travail de l’après-midi était animée par Mme Pauline Brouns, psychologue et neuro-psychologue, coordinatrice des activités thérapeutiques en Ehpad.
Comprendre les pathologies et les comportements
Le bénévole accompagnant, comme l’ensemble du personnel soignant auprès de résidents touchés par des manifestations de démence ou de pathologies dégénératives sont confrontés aux canaux spécifiques d’une bonne communication adaptée aux situations concrètes : que faire ? Que dire ? Comment s’aligner sur une longueur d’onde d’empathie et apaisante dans ce cadre particulier d’expression de ses émotions, de ses besoins, de ses attentes, de sa souffrance, de sa solitude, de sa désorientation psychique? La quête du regard qui rejoint et qui ne domine pas l’un et l’autre interlocuteur est une étape essentielle.
Le Dr Prévost-Crinière et la psychologue Pauline Brouns ont pu expliquer les points délicats qui facilitent l’échange et une réelle communication lorsque diverses atteintes démentielles ou neuro-dégénératives obstruent la rencontre ou le dialogue nécessaire. Comment pratiquer l’écoute et l’échange dans l’économie des mots, le souci de ne pas s’affronter en contredisant, s’adapter aux difficultés de verbalisation en prenant le temps d’attendre une ou des réponses. Il est primordial de savoir valider les moments cruciaux de la communication, suivre le fil du discours d’un patient au point de mémoire atteint et s’effaçant inexorablement dans la maladie d’Alzheimer par exemple… Difficiles gageures aussi pour le personnel soignant pressé par le manque de temps pour être à l’écoute de chaque patient dans tout un service…
Un trouble du comportement aigu n’est jamais gratuit
Dans son approche de clinicienne psy sur les troubles psychologiques et comportementaux, Pauline Brouns précisait bien “qu’un trouble du comportement aigu n’est jamais gratuit. Il recèle toujours une cause ou plutôt des facteurs favorisants, précipitants, qui peuvent se révéler, souvent après une observation minutieuse, ou bien demeurer inconnus. Il n’y a pas de solution miracle mais il faut essayer de comprendre et de corriger les facteurs générant ce trouble”.
Les manifestations des troubles comportementaux sont multiples et ont été bien étudiées par les praticiens : agressivité, déambulation, irritabilité, opposition, refus de soins ou de l’alimentation, propos désorientés allant jusqu’aux hallucinations, aux désinhibitions, aux dépressions et toutes leurs déclinaisons…
Le soignant et plus facilement encore le bénévole peuvent se trouver décontenancés pour trouver les attitudes justes. Mais cela est approfondi dans le parcours professionnel. Il y a des conseils pratiques qui peuvent même éclairer la “présence et l’écoute” des accompagnants bénévoles.
Quelques pistes nous étaient partagées
- Ne communiquez qu’avec une personne à la fois et consacrez-lui toute votre attention
- Présentez-vous
- Évitez les sources de distraction (télévision, radio, etc.) et les conversations entre collègues
- Attirez l’attention en vous plaçant en face de la personne et à sa hauteur (regarder, établir un contact physique, etc.)
- Évitez d’élever la voix et d’être familier avec elle, parlez lentement et articulez
- Préférez la simplicité dans le mode de communication
- Utilisez des phrases courtes et préférez des questions fermées
- Ne transmettez qu’un seul message à la fois
- Utilisez des gestes pour faciliter la compréhension…
Ce parcours de formation mélangeant des professionnels de santé et des accompagnants bénévoles a été très apprécié car la démarche favorise une meilleure compréhension des approches.
Antoine
Un témoignage
“Je voudrais ajouter que j’ai particulièrement apprécié la présentation très pédagogique du docteur Isabelle Prévost-Crinière qui nous a permis de comprendre les différentes pathologies concernant les démences et les maladies dégénératives en nous faisant visiter à travers des schémas très clairs les différentes parties du cerveau.
Sa présentation nous a permis de nous repérer dans ce qui est d’une perte normale avec l’âge : la lenteur d’apprentissage, les difficultés à évoquer les noms propres, les difficultés dans les situations de double tâche et un ralentissement du traitement de l’information.
Avoir en tête que l’important est dans l’écoute, même si ce que l’on entend nous paraît délirant et que n’importe quel médicament est plus mauvais qu’une situation adaptée.”
Michèle
Accompagnante bénévole
Synthèse de Pauline Brouns sur “les troubles psychologiques et comportementaux” .