L’EREN (Espace de Réflexion Éthique de Normandie) s’est attelé depuis quelques mois à un défrichage approfondi sur l’autorisation d’euthanasie ou du suicide médicalement assisté. Le débat a été relancé par une proposition de loi de janvier 2021 « visant à affirmer le libre choix de la fin de vie et à assurer un accès universel aux soins palliatifs en France » ayant pour but de modifier la loi précédente, dite « loi Claeys-Léonetti », en « créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ». Pour alimenter cette démarche, l’IREN a organisé des ateliers ouverts à tous afin de susciter une réflexion citoyenne autour de ce sujet sur le territoire normand. La synthèse des 4 ateliers-citoyens (ouverts à tous, de septembre 2021 à janvier 2022) sur les trois sites de Caen, Rouen et Dieppe, réunissant une soixantaine de participants, a été présentée le 21 mars dernier au Havre.
Le Professeur Grégoire Moutel a introduit la soirée en présence de Jacques Letuillier de la Mutualité Française et d’Alain Claeys, l’un des auteurs de la loi, en visio-conférence.
Les constats et les enjeux ont été identifiés par les différents groupes de débats.
La loi est peu connue
La loi est peu connue et est difficile à appliquer :
- Manque de moyens
- Augmentation de la demande d’euthanasie
- Les patients sont plus acteurs dans leur parcours de soins
- Modification des pratiques médicales. L’euthanasie serait-elle du soin et du droit à ?
Le regard des participants : des points de consensus et des points de désaccord
Des points de consensus existent :
- Améliorer l’accès aux soins palliatifs par la diminution des inégalités territoriales, que la loi évolue ou pas…
- Lever le tabou sur la fin de vie par une large information sur la loi Claeys-Leonetti, les directives anticipées, la personne de confiance, les soins palliatifs, l’obstination déraisonnable…
- Améliorer la prise en charge pour une fin de vie à domicile : développement des équipes mobiles, informations et formations des professionnels comme des proches et aidants…
- Travailler sur l’ambivalence des patients en respectant leur cheminement.
Des points de désaccord
- Ils tiennent à l’ambivalence des patients
- Dans l’euthanasie, la société accompagne-t-elle ou renonce-t-elle ?
- Les valeurs du soin et des convictions religieuses peuvent être bousculées…
Évaluer et faire évoluer (éventuellement) la loi actuelle
3 axes de réflexions autour de la loi actuelle :
- Maintien de la loi. La faire mieux connaître
- Autoriser une euthanasie d’exception
- Légaliser pour répondre à la demande de la société.
Dans ce cas :
- Pour qui ? Personne capable de faire la demande. Mineurs ? Majeurs protégés ? Malade dont le pronostic vital n’est pas engagé à court terme ?
- Par qui ? Le médecin prescripteur ? Un soignant ? Un non-soignant ? La pratique serait-elle intégrée aux Soins Palliatifs ? Quelle procédure collégiale ?
- Où ? Avec qui ?
En conclusion, si le législateur se prononce pour la légalisation de l’euthanasie, le fera-t-il dans une philosophie de l’accompagnement ou du renoncement ?
Ce sera dans tous les cas une démarche qui interrogera les valeurs des soignants, des accompagnants et de la société tout entière.
Marie-Thérèse
Retrouvez toute la synthèse sur ce lien de l’IREN
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