Elle est amère. La vie ne lui a pas fait de cadeaux. Elle n’a plus de famille. Elle vit seule, n’a pas d’enfants. Elle est fâchée avec sa sœur, et sa mère lui a légué son cancer. Elle dit que sa vie professionnelle fut un échec.
— Vous n’avez pas de visite ?
Elle parle de ses voisins, qui l’entourent beaucoup, qui s’occupent de son linge. Elle parle de son petit immeuble, où elle se sent bien entourée. « J’ai écrit à ma sœur que j’allais mourir, elle ne m’a pas répondu. Les amis, c’est mieux que la famille ».
Et soudain, les souvenirs heureux affluent. Elle a une passion : la peinture. Elle découpe des images dans des magazines et les reproduit. Elle peint à l’huile. Chez elle, elle est entourée de ses tableaux. Elle me parle de Kandinsky, de Turner… Mais surtout, elle a peint une Ferrari jaune. Jaune, parce qu’elle n’aime pas le rouge. Un jeune voisin lui a dit qu’une Ferrari ça peut être jaune.
Elle aimerait avoir la Ferrari dans sa chambre. Un sourire illumine son visage.
Michèle