Docteur Gérard Terrier
Éditions Mon Limousin
La mort, la dernière énigme – Dans quelles conditions l’hôpital peut-il accompagner les patients en fin de vie ? Quel rôle joue un service de soins palliatifs ? Peut-on espérer mourir dignement dans une institution ou à domicile ? Et finalement quel lien entretient chacun d’entre nous avec sa propre mort ? Gérard Terrier est médecin anesthésiste, créateur du service de soins palliatifs au centre hospitalier universitaire de Limoges en 2005 – qu’il a dirigé jusqu’en 2014.
« Dialoguer avec les incertitudes de la mort »
Au cours de sa carrière, passée aussi aux urgences, en réanimation ou encore au Samu, le docteur Terrier a régulièrement côtoyé la mort. Des morts violentes parfois, dans les accidents notamment, ou lors de l’attentat du Capitole, ou plus lentes, en soins palliatifs, dans ce service du CHU qui accompagne entre 180 et 200 malades par an et où 65 à 75 % d’entre eux décèdent. Des morts d’adultes et même d’adolescents. Aussi, a-t-il décidé, à l’âge de la soixantaine, de « faire partager ce qu’ [il a] accumulé pendant toutes ces années de pratique sur le sujet ».
Un sujet, énigmatique, dont on préfère généralement éviter de parler. Pour sa part, l’auteur a choisi de « dialoguer avec les incertitudes de la mort ».
Alimenté par des cas cliniques, par des exemples de malades confrontés à leur mort ou du rapport de proches avec la fin prochaine d’un des leurs, son ouvrage aborde, entre humour et émotion, aussi bien l’annonce, la peur, le courage, les projets possibles, les conflits intrafamiliaux, ou encore la douleur.
« Contrôler la mort ? Une dangereuse illusion »
« Nous avons les moyens de prendre en charge cette souffrance, de la diminuer, et je l’espère, de la rendre au moins supportable », écrit le docteur Terrier dans ce livre plaidoyer en faveur du développement des soins palliatifs.
Car l’auteur ne le cache pas : il a de sérieux doutes sur une éventuelle dépénalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté. « Vouloir contrôler la mort, comme le voudraient certains groupes de pression […], est une dangereuse illusion », écrit-il, mû par la crainte de dérives.
Car le débat devrait être prochainement relancé. Emmanuel Macron avait promis, s’il était réélu, « une convention citoyenne qui associera citoyens, spécialistes de l’éthique, professionnels » sur le sujet.
Cette perspective préoccupe le docteur Terrier, qui n’hésite pas à répondre avec un brin de provocation à une question sur les raisons de son inquiétude : « Cela coûte moins cher d’éliminer les gens que de mettre du personnel autour pour s’en occuper jusqu’à la fin… »
D’après un article d’Hélène Pommier, dans ” Le Populaire du Centre “, en date du 15 mai 2022.