Dans l’Ouest-France du 30 juin 2023, le journaliste Hadrien Hubert se fait l’écho d’une enquête sur la fin de vie, publiée le 21 juin 2023 par le Cercle vulnérabilités et société. Cette enquête révèle que les jeunes (18-24 ans) sont moins nombreux que leurs aînés à vouloir une légalisation de l’aide active à mourir : « 34 % des jeunes de 18 à 24 ans priorisent la préservation de la qualité des conditions de vie plutôt que l’ouverture à un projet de loi sur l’aide active à mourir », révèle le Cercle vulnérabilités et société.
Pour améliorer la prise en charge de la fin de vie, les sondés de 18 à 24 ans ont érigé en priorité, « la préservation de la qualité des conditions de vie ». Tel est le constat révélé le 21 juin 2023 par l’enquête du Cercle vulnérabilités et société, qui réunit organisations privées, publiques et associatives. Citée en premier à 34 % par les 18-24 ans, la préservation des conditions de vie – soit le maintien en bonne santé le plus longtemps possible – n’apparaît, en revanche, qu’en dernière position pour les 50 ans et plus interrogés. Autre élément saillant de l’enquête, légaliser une « aide active à mourir » est moins plébiscité par les jeunes que par les catégories d’âge supérieures (37 % contre 47 % des 50-64 ans et 40 % des 65 ans et plus).
« Génération plus sensible aux vulnérabilités qu’aucune autre »
Cofondateur du Cercle vulnérabilités et société, le sociologue Thierry Calvat tente d’expliquer de telles données en faveur des 18-24 ans : « Plus vous êtes jeunes, plus la question de la mort se place loin de vos priorités, ils sont peut-être convaincus qu’une autre issue existe, qu’ils peuvent agir avant que la qualité de vie ne se dégrade ». Pour les 18-24 ans, « génération plus sensible aux vulnérabilités qu’aucune autre », le maintien de la qualité de la condition de vie éviterait « une exclusion définitive de la société des personnes en fin de vie, elle leur permettrait de faire communauté jusqu’au bout », analyse Thierry Calvat. Les résultats de ce sondage esquissent, peut-être, les contours d’un débat générationnel autour de ce qui doit prévaloir en fin de vie.
En réaction à la publication de cette enquête, Ouest-France a sollicité trois membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie, âgés de 21 à 23 ans.
« J’ai peur d’une évolution trop rapide »
Quentin (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 21 ans, étudiant en architecture : « Les résultats de l’enquête correspondent à ma vision des choses. La législation pour une aide active à mourir pourrait poser problème sur le plus long terme. J’ai l’impression qu’il y a moins d’unité que dans d’autres pays, où la question de la fin de vie est ancrée depuis plus longtemps. Je ne suis pas de ceux qui sont absolument contre (le projet de loi) mais il faut réinvestir massivement dans les soins (palliatifs). Si on ouvre la législation, ces soins pourraient passer progressivement au second plan. En tant que jeune, j’ai peur d’une évolution trop rapide, que notre génération pourrait regretter dans plusieurs décennies quand on sera confrontés à notre propre fin de vie. »
« Une vision inclusive de la fin de vie »
Audrey Vidal, 21 ans, étudiante en commerce, originaire de l’Allier : « On ne peut pas faire avancer l’un sans délaisser l’autre (préservation des conditions de vie et législation de l’aide active à mourir). Je défends une vision inclusive de la fin de vie. La convention citoyenne m’a ouvert les yeux sur un sujet crucial pour ma propre vie et celles de mes proches. Pour inclure tout le monde, il faut que les deux avancent au même niveau simultanément. C’est la même chose pour le débat entre l’euthanasie et le suicide assisté, l’un et l’autre ne répondent pas à tous les cas de figure. On ne doit éluder aucun scénario. »
« La législation pour l’aide active à mourir est la solution la plus concrète »
Amandine Plumerez, 23 ans, étudiante dans le médico-social, originaire de Seine-Saint-Denis : « Améliorer la qualité des conditions de vie, c’est bien mais le retard est conséquent. Le manque de moyens pourrait être un frein. Par exemple, il n’y a pas assez d’unités de soins palliatifs en France (N.D.L.R. : Il en manquerait dans environ 20 départements). L’hôpital public a tellement de retard dans la qualité des soins, que je préfère mettre en avant la législation pour l’aide active à mourir, qui me paraît être la solution la plus concrète et sur laquelle on peut agir le plus rapidement. »