Claire Oppert joue du violoncelle en milieu gériatrique et en soins palliatifs. Elle a raconté son histoire dans un livre : “Le pansement Schubert” et donnait le 25 novembre 2021, à Grenoble, une conférence-concert, invitée par l’association AGARO, qui œuvre pour le bien-être des patients cancéreux.
La musique adoucit les mœurs, prétend le proverbe, elle adoucit aussi les maux !
C’est l’expérience que vit depuis plusieurs années Claire Oppert, concertiste et enseignante. Elle est aussi art-thérapeute musicale et joue du violoncelle auprès de jeunes autistes, en milieu gériatrique et en soins palliatifs.
L’histoire du pansement Schubert
Tout a commencé en avril 2012, dans un EHPAD de la région parisienne. Une patiente atteinte de démence sénile, très agressive, refuse de se laisser soigner. Claire Oppert lui joue alors l’Andante du trio opus 100 de Franz Schubert. La malade se calme, comme par miracle et l’infirmière lui lance : “Il faudra revenir demain pour le pansement Schubert ! “
Étude clinique
Ainsi est née une incroyable aventure pour la violoncelliste. Durant 5 ans, une équipe de soignants l’accompagne pour mener une étude clinique qui montre que la musique vivante diminue la douleur de 10 à 50%, et l’anxiété des malades de 80%. Les bienfaits se répercutent également sur le personnel soignant et les proches du malade. C’est ce que l’on appelle une contre-stimulation sensorielle. “L’art-thérapie musicale ne guérit pas” précise Claire Oppert. “Mais c’est un complément thérapeutique. La musique fait résonner les parties du corps vivantes et saines. Et les neuroscientifiques ont montré que l’influx nerveux positif de la musique stoppe l’influx nerveux de la douleur.”
Du classique au jazz en passant par le rap !
Au fil du temps et des demandes, Claire Oppert s’est constitué un répertoire. Elle joue du classique, mais aussi du rock, du jazz et même du rap ou du métal ! “Le moment musical auprès du chevet des patients n’est pas un simple intermède musical.” souligne la violoncelliste. “Ce n’est pas non plus un concert à l’hôpital ou une animation. La musique à visée thérapeutique a des objectifs précis. Je dois aussi trouver la bonne distance, l’attitude juste pour ne pas être emportée par les émotions que provoquent ces moments intenses avec un malade.”
J’avais oublié que j’étais malade – une patiente
Claire Oppert se souvient ainsi de cette femme, douloureuse et malade : “J’ai joué pour elle. Elle était en fauteuil, sa sœur était près d’elle et soudain, elle s’est levée. Sa sœur, affolée, lui demande ce qu’elle fait. Elle la regarde et dit : j’avais oublié que j’étais malade.”
Transmettre
Claire Oppert, qui poursuit sa carrière de concertiste et d’enseignante, consacre aussi beaucoup de son énergie à rencontrer les malades et jouer pour eux. À défaut d’avoir créé une école, elle donne aussi des conférences, pour transmettre son expérience. Elle en a fait aussi un livre, chez Denoël, intitulé, bien sûr : “Le pansement Schubert”.
Par Véronique Pueyo, France Bleu Isère