Le recueil des directives anticipées n’est pas réservé aux personnes proches de la fin de vie. À tout âge, il est préférable d’indiquer ses volontés pour les faire valoir en cas d’accident. LE CHU de Poitiers a mis en place une initiative intéressante, rapportée dans Centre Presse – Le Quotidien de la Vienne.
Parler de la mort ne porte pas malheur
Parler de la mort ne porte pas malheur. Mais cela reste un tabou en France. C’est suite à ce constat que le CHU de Poitiers, avec le soutien de l’agence régionale de santé, a ouvert, le 1 février dernier, une cellule d’information et de recueil des directives anticipées. Estelle Amiot en est l’infirmière référente. Après dix années en cancérologie, cinq en soins palliatifs et deux en unités de soins de longue durée, celle qui a participé à de nombreuses « réunions collégiales » (1) a décidé de « faciliter le travail des soignants ».
Comment rédiger ses volontés et à qui les donner ?
C’est-à-dire ? « Vous avez entendu parler de l’affaire Vincent Lambert ? Ce jeune homme qui a eu un accident de moto et a été plongé en coma artificiel. » En effet, une bataille médico-politico-judiciaire en a découlé. Ses parents estimant que le jeune homme aurait voulu qu’on tente tout pour le maintenir en vie, même artificiellement. Son épouse expliquant qu’il avait dit, un jour, qu’il ne voulait pas qu’on « s’acharne » si un accident survenait. Estelle Amiot note : « S’il avait rédigé ses directives anticipées, les médecins et les proches auraient su quoi faire ». Dans un premier temps, l’infirmière va de service en service au sein du CHU pour « diffuser l’information ». Elle ajoute : « On a peut-être entendu parler des directives anticipées mais on ne sait ni comment les rédiger ni à qui les donner ». Estelle Amiot tient une permanence dans le hall de la tour Jean-Bernard pour accompagner dans cette démarche. Laurent Montaz, chef de service en soins palliatifs, indique : « On peut écrire ses directives sur papier libre ou sinon un formulaire est disponible au CHU ou sur les sites du gouvernement ou de la haute autorité de santé ».
Deux formulaires
Deux formulaires selon « que je suis en bonne santé et que je n’ai pas de maladie grave » ou « que je pense être proche de la fin de ma vie ou atteint d’une maladie grave ». Laurent Montaz et Estelle Amiot insistent : « Le plus important est de remettre une copie à son médecin traitant et dans son dossier médical. Il faut les écrire et faire savoir qu’on les a écrites, ces directives ». Ils expliquent : « Rien n’est gravé dans le marbre. Ce sont les dernières directives qui font foi, il est tout à fait possible de changer d’avis au cours de sa vie ». Et puis, les deux praticiens hospitaliers concluent : « Notre métier, c’est de sauver et de garder en vie quand c’est possible. Le tout n’est pas de s’acharner. Pour cela, il faut qu’on le sache pour soigner au mieux ». Un travail à mener au long cours pour que les esprits se fassent à cette idée que parler de la mort ne la provoque pas.
Delphine Blanchard – Centre Presse – Le Quotidien de la Vienne – 26 avril 2022
(1) Faute de directives écrites et remises à son médecin ou dans son dossier médical, les soignants se réunissent pour décider de la meilleure décision à prendre, en concertation avec les proches du patient.