Statut, fonction, rôle, dans le cadre d’une équipe de soins palliatifs, du psychologue et de l’accompagnant bénévole.
Ce thème a été abordé avec Corentin Meheust, psychologue clinicien, et les bénévoles de l’ASPEC. La question de leur différence de position, mais aussi des limites qui semblent parfois floues dans certaines situations, sont des questions qui se réitèrent. Nous allons ensemble tenter d’y voir plus clair. Le premier point a répertorié brièvement les différents psys, la liste n’étant pas exhaustive :
– Le psychologue détenteur d’un diplôme universitaire, qui peut être un psychologue clinicien, un psychologue du travail ou scolaire, ou encore un chercheur.
– Le psychiatre, qui est d’abord médecin.
– Le psychothérapeute, titre plus large qui ne nécessite qu’une formation très courte. Les psychologues et psychiatres sont de facto psychothérapeutes.
– Le psychanalyste, titre que peuvent s’approprier les personnes ayant suivi elles-mêmes une psychanalyse suffisamment approfondie et agréée par leurs pairs dans une école de psychanalyse.
– Le neuropsychologue, qui travaille sur les troubles cognitifs.
Le psychologue au sein de l’équipe de soins palliatifs
Corentin Meheust nous détaille ensuite les différentes formes de prise en charge du psychologue clinicien.
- La psychologie comportementale : elle vise à modifier un comportement qui pose problème plus ou moins grave dans la vie quotidienne. Thérapie courte.
- La psychologie psycho dynamique : elle essaie de se représenter la manière dont « la tête fonctionne ».
- La psychologie systémique : elle va tenir compte du ou des sujets pris dans un système (familial, social…).
Le psychologue clinicien s’attache à la clinique, individuelle ou collective, donc à l’observation du patient. Il est tenu par la loi et par son éthique. Son code déontologique est fondé sur l’absence d’énoncé de jugement, sur une pratique pensée comme la conséquence de la théorie, qui se doit d’être homogène et cohérente. Il est tenu au secret professionnel. Il partage avec les soignants uniquement ce qui est nécessaire à la prise en charge du patient. Il est assujetti au droit du travail, comme tout salarié, et soumis aux règles du service dans lequel il intervient. Bien sûr, il est rémunéré !
Au sein d’une équipe de soins palliatifs, le psychologue intervient auprès du patient, à la demande des soignants. Ses interventions sont diverses :
- Évaluation des fragilités du patient, des proches.
- Décision à prendre pour un maintien ou non à domicile.
- Traitement des mal-être, tels que les angoisses, du patient comme des proches, les états dépressifs, les difficultés sociales…
Il intervient également auprès des équipes de soins :
- Supervision d’équipe.
- Retour sur les observations cliniques faites auprès du patient.
- Animation du groupe de paroles des bénévoles.
- Promotion de la réalité psychique des patients pour la prise en soins dans le service.
Lors de ses entretiens avec le patient, le psychologue est avant tout à l’écoute du discours spontané de façon à obtenir un vrai reflet de la psyché du patient. Il est prudent dans ses interprétations, car son objectif est l’autonomie psychique du patient. Il doit connaître ses limites.
Le bénévole au sein de l’équipe de soins palliatifs
Son intervention est encadrée par la loi et précisée par la circulaire de la Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins du 25 mars 2008 : « Ils [les bénévoles] proposent une présence, une écoute, dans la discrétion et le respect de l’altérité, le non jugement et le respect de l’intimité de la personne malade et de sa vie familiale. Du fait de la gratuité de leur engagement, ils témoignent au nom du corps social d’une attention à l’égard des personnes en souffrance, ce qui conforte un sentiment d’appartenance à la communauté humaine. Par leur regard, ils confirment la personne dans son identité et dans sa dignité. Le bénévolat d’accompagnement se vit toujours dans le cadre d’une association ; il est organisé et exercé en équipe ; il est complémentaire de l’accompagnement des professionnels au bénéfice des personnes accompagnées. »
Comparaison rapide entre les interventions du psychologue et de l’accompagnant bénévole
Si nous tentons une comparaison rapide entre les interventions du psychologue et de l’accompagnant bénévole, nous pouvons d’abord relever les points communs :
- Primauté à l’écoute et la présence.
- Pas d’énoncé de jugement.
- Secret professionnel pour le psy, confidentialité pour le bénévole, avec informations partagées si nécessaire avec les soignants.
- Étanchéité entre les accompagnements et la vie privée.
- Respect des règles propres du service.
- Accueil de la parole qui est adressée à l’autre. De ce fait la personne peut prendre conscience d’une pensée éclairante pour elle-même. Le psychologue « travaillera » peut-être cette verbalisation. Le bénévole recevra simplement cette parole.
- Juste distance pour conserver la liberté totale de la parole.
- Protection de trop d’impacts émotionnels (contre-transfert) en se référant à sa grille technique, à sa position de professionnel pour le psy. Pour le bénévole, droit à l’absence, au retrait, appartenance à l’ASPEC, présence au groupe de paroles.
Ce qui nous différencie :
- Relation gratuite, dans tous les sens du terme.
- Proposition de présence qui peut être refusée à tout moment. Inversion de la logique du service : c’est le patient qui décide.
- Pas de projet pour l’autre, pas d’interprétation, pas de recherche de «vérité».
- Possibilité de gestes d’empathie, comme prendre la main.
- Possibilité d’une présence silencieuse.
Conclusion de Corentin
- Le psychologue s’attache à questionner le fonctionnement psychique d’un patient.
- Le bénévole s’attache à réinscrire la personne dans la société humaine.
Brigitte