En 2017, la lecture du Livre tibétain de la vie et de la mort, du lama Sogyal Rinpoché, rencontra ma sensibilité. Émergea en moi l’idée que je pourrais accompagner des personnes en fin de vie. C’était une idée magnifique, laissée en gestation à l’intérieur de mon crâne durant les cinq années qui suivirent.
Lors de ma lecture, je fis une prière pour ma mère adoptive. Quand elle rentrait du travail en voiture, ces derniers jours, je la sentais fatiguée. Peu de temps après, elle a eu un accident de la route duquel elle est sortie miraculeusement.
Durant cinq années, je laissai mûrir cette idée, y pensant de temps en temps. Pourquoi vouloir soutenir des mourants ? Pourquoi leur parler, les épauler, leur sourire, partager un mot, une souffrance ? La question, je me la suis posée de nombreuses fois.
Cette guérison impossible
Dans mon parcours de vie, j’ai perdu toute ma famille lorsque, abandonnée par celle-ci, je traversai le monde pour être adoptée en France. J’avais un an. Je n’ai pas de souvenirs. C’est un deuil impossible, une fracture si large, un trauma si profondément ancré en moi qu’il est impossible de guérir. D’avancer oui, de dépasser, de contourner oui, d’apprendre, de pardonner. Mais de guérir, non. Et cette guérison impossible, je la comprends et je la partage avec les patients. Dans fin de vie, il y a vie. Quelle a été leur vie, leurs doutes, leurs fiertés à ces personnes qui vivent leurs derniers moments ?
Nous sommes mortels, ça nous rend égaux. Lorsque je rentre dans une chambre d’hôpital, je rencontre une sœur, un frère humain, pendant un instant. Ça me rend heureuse d’entendre tout ce qu’ils ont à me dire. Si c’est de la pluie et du beau temps, je suis contente, si c’est des petits enfants, je suis contente aussi, et si ce sont des angoisses je suis heureuse de les partager avec eux. Je ne suis pas triste de faire ça, au contraire, je suis transportée, j’en ressors grandie, instruite, je suis honorée de leur confiance.
La formation à l’ASPEC a dépassé mes attentes, j’ai beaucoup appris et j’ai rencontré des personnes bienveillantes, altruistes et profondes. J’ai peu d’expérience encore mais pour le peu que j’ai expérimenté, je me sens à ma place. Aussi bien avec les bénévoles qu’avec les patients.
Justine.